Les stagiaires, T3 : Indéterminés

Auteure : Samantha Bailly

Edition et année d'édition : Le livre de poche, 2019 (première édition : JC Lattès, 2018)

Genre : contemporain

Nombre de pages : 426 pages

Ophélie est promue, en moins de cinq ans, directrice de communication dans une entreprise du divertissement. Lorsque la société est rachetée par le géant de l'industrie des jeux vidéo, les licenciements et la tension font douter la jeune femme de son avenir. Sa vie professionnelle et personnelle est d'autant plus bousculée lorsque son ancien amant, Arthur Mareuil, est nommé analyste financier.

Cinq ans ont beau séparer les tomes 2 et 3, il ne s'est pas passé grand chose durant ce laps de temps. On a l'impression d'avoir laissé Ophélie là où elle en était, ayant simplement gravi quelques échelons supplémentaires chez Pyxis, toujours la même entreprise, toujours le même amoureux, toujours les mêmes amis, toujours le même chat. Le retour d'Arthur (qui redevient narrateur la moitié du temps pour ma plus grande joie) et le rachat de Pyxis par une entreprise plus puissante marquent donc les deux éléments perturbateurs qui lancent l'action de ce troisième tome. La structure narrative est donc la même que dans le premier tome, à ceci près que, si Ophélie est à peu près la même, le petit Arthur a bien évolué et est devenu adulte ou presque. Il a résolu un certain nombre de ses problèmes du premier tome (problèmes familiaux ou choix professionnels) et retourne donc aux sources dont il garde clairement un souvenir ému.

Ce tome est aussi celui où le contexte social et sociétal est le plus lourd, et où des thèmes graves sont abordés sans pour autant tomber dans un pathos inutile. La question amicale, simple dans les premiers tomes (où tout le monde dans ce petit groupe il semblait beau il semblait gentil pour paraphraser notre ami Jean Yanne), est ici tiraillée par des raisons professionnelles (jusqu'où doit-on garder le secret auprès d'amis de décisions les concernant ?). Le monde de l'édition est davantage développé que dans les premiers tomes, mais pour y être étrillé (les auteurs sont-ils finalement reconnus à leur juste valeur?). La face cachée des plans sociaux est dévoilée (ou comment virer quelqu'un parce qu'il fait preuve d'intégrité, et que l'intégrité peut devenir synonyme de faute professionnelle?). Le tout avec l'apparition dans ce tome d'un bel exemple de pervers narcissique (d'accord, le terme n'est pas employé dans le tome et je n'ai aucune compétence en psychologie pour l'affirmer, mais ceux qui ont lu le livre comprendront vite à quel personnage je fais référence) et l'insertion d'éléments d'actualité anxiogène (ce qui n'a malheureusement pas manqué en 2015, année durant laquelle se déroule l'intrigue).

Même s'il est moins léger que les deux précédents, ce tome reste le meilleur de la trilogie pour moi. Les personnages principaux (surtout Ophélie et Alix) y perdent un certain nombre de leurs illusions de jeunesse, mais ils continuent néanmoins à avancer, à évoluer, à faire face aux difficultés. La fin de l'histoire rappelle le groupe de stagiaires de départ à une seule exception près (ceci dit, Enissa n'était pas non plus la stagiaire la plus reconnue par ses pairs dans le premier tome), fidélité amicale que j'ai trouvé touchante (bien qu'elle ait été mise à mal à certains moments de l'histoire). Un glissement réussi vers une histoire un peu plus réaliste tout en demeurant divertissante.