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Blog littéraire

Eldorado

Eldorado

Auteur : Laurent Gaudé

Edition et année d'édition : Babel, 2007 (première édition français: Actes Sud, 2006)

Genre : contemporain

Nombre de pages : 237 pages

Langue de lecture : français

Gardien de la Citadelle Europe, le commandant Piracci navigue depuis vingt ans au large des côtes italiennes, afin d'intercepter les embarcations des émigrants clandestins. Mais plusieurs événements viennent ébranler sa foi en sa mission. Dans le même temps, au Soudan, deux frères (bientôt séparés par le destin) s'apprêtent à entreprendre le dangereux voyage vers le continent de leurs rêves, l'Eldorado européen...

J'ai découvert Laurent Gaudé suite à la lecture de La mort du roi Tsongor, prix Goncourt des Lycéens 2002, que mon mari professeur de lettres avait reçu en spécimen. J'avais beaucoup aimé cette lecture, certes courte, mais d'une grande humanité. Je pourrais qualifier Eldorado de la même manière, bien que l'intrigue en soit très différente. En tout cas, quand je l'ai vu dans la médiathèque où je viens de m'inscrire, je n'ai pas hésité à l'emprunter.

Ainsi qu'indiqué dans son genre, Eldorado est un roman contemporain qui, malgré ses 17 ans, reste d'une grande actualité (rien qu'au début de cette semaine de rédaction de chronique, il a été reporté un naufrage de bateau de migrants avec le décès d'une fillette de deux ans au large de l'Italie). L'histoire se divise en deux parties : celle du commandant Piracci, officier marin italien chargé de ramener les migrants abandonnés en mer ou naufragés pour leur sauver la vie avant de les ramener aux autorités italiennes qui peuvent disposer d'eux, et celle de Soleiman, un jeune Soudanais dont le récit est cette fois-ci à la première personne (à l'inverse de celui de Salvatore Piracci, à la troisième personne). Bien que ces deux narrations traitent du même thème de deux points de vue différents (celui d'un Européen installé et détenant l'autorité et celui d'un migrant cherchant à sauver sa vie lors d'un périple dangereux), le point de jonction des deux histoires n'apparaît que très tard dans le livre et de manière, pour moi, inattendue.

J'ai été touchée par le récit de Salvatore Piracci qui j'ai ressenti comme le récit principal du livre. Suite à sa rencontre avec une femme sauvée deux ans auparavant qui lui raconte son parcours tragique, il change, se questionne sur le sens de son rôle de sauveur (tant au propre par sa profession qu'au figuré à travers l'étymologie de son prénom) et sur le sens même de sa vie. Ce questionnement le conduit donc à des choix inattendus et pour le moins audacieux, et à des rencontres nouvelles dans le milieu des passeurs et des personnes souhaitant émigrer. A l'inverse, le but de Soleiman est clair : aller en Europe, finalement quels qu'en soient le chemin et le prix à payer. Lui aussi doit, durant son parcours, se questionner sur ses choix, sur les notions de bien et de mal, sur ses manquements à ses propres principes car quelquefois, dans la détresse, nécessité fait loi, sur la question de la chance insolente que certains peuvent avoir quelquefois au détriment d'autres qui ne sont pourtant pas moins méritants.

J'aime aussi beaucoup l'écriture de Laurent Gaudé, claire, explicite, précise sans pour autant être guindé. Le texte est fluide, émouvant et prenant. Il n'en rajoute pas dans le pathos, ce qui serait facile dans ce contexte. Un livre et un auteur à découvrir si ce n'est pas encore fait.

 

Citation emprunté dans ce roman :

" Combien de fois dans ta vie, Salvatore, as-tu vraiment demandé quelque chose à quelqu'un ? Nous n'osons plus. Nous espérons. Nous rêvons que ceux qui nous entourent devinent nos désirs, que ce ne soit même pas la peine de les exprimer. Nous nous taisons. Par pudeur. Par crainte. Par habitude. "

 

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